Polémique stérile sur le système de collecte et de centralisation des résultats de vote dénommé « SUCCES », proposé par le béninois Clément AGANAHI.
Pourquoi tous ces tapages qui ne servent à rien ? Les ventrocrates de leaders l’opposition qui participent à cette élection ont signé le deal avec Faure Gnassingbé au dos du peuple togolais contre des centaines de millions de francs cfa. Ils cherchent une échappatoire via cette polémique pour duper le peuple togolais.
Mr AGANAHI de passage à Paris (France) a été interpellé. Il donne sa version des faits et met à défi le CAP 2015. En outre, il affirme avoir fait économiser à l’Etat togolais plus de 600.000 million de francs CFA à travers le projet " SUCCES". Il revient à chaque togolais d’apprécier sa version des faits.
Depuis quelques jours vous êtes au cœur d’une polémique dans la presse togolaise et sur les réseaux sociaux sur le système de collecte et de centralisation des résultats de vote dénommé "SUCCES", que vous avez proposé à la CENI du TOGO.
Pouvez-vous nous expliquer les mobiles de cette polémique ?
AGANAHI Clément : Tout d’abord, je tiens à vous féliciter pour votre professionnalisme comme journaliste d’investigation, dont la préoccupation première doit être de rechercher la bonne source d’information et de vérifier toute information ou rumeur avant de diffuser aux lecteurs le fruit de son travail de journaliste.
Me concernant, je suis Ingénieur diplômé d’une grande Ecole Nationale Supérieure en France depuis 1983, Titulaire d’un 3ème Cycle de l’Université de Paris 7 Jussieu et inscrit au Conseil National des Ingénieurs et Scientifiques de France (CNISF) depuis 1983. Je réside en France depuis 1976, et je suis resté de nationalité béninoise par conviction pour l’Afrique. Car si vous êtes compétent, peu importe votre nationalité, vous trouverez à faire dans tous les pays du monde.
Je suis impliqué dans les processus électoraux depuis le renouveau démocratique de mon pays le BENIN dans les années 1990 et j’ai pu faire parti des premiers membres du GERDDES AFRIQUE dont je fus le premier représentant en France pendant de nombreuses années. Ma première expérience d’utilisation de l’informatique dans le processus électoral date de 1993 lors de l’élection présidentielle en Centrafrique où j’ai pu aider la Commission Electorale à centraliser les résultats qui a vu le Président Kolingba battu dès le premier tour.
En 1997, j’ai été le premier, à utiliser l’Internet comme support de transmission dans la centralisation des résultats des élections et ceci avec la CENI du MALI. Je suis intervenu dans plusieurs pays d’Afrique francophone depuis les années 1990 comme le Bénin, le Rwanda, le Tchad, la Guinée Conakry, le Niger, le Congo Brazzaville, la RDC etc.
A propos de mes activités au TOGO, je suis intervenu comme expert du PNUD en 2007 pour participer à l’étude de faisabilité de l’enregistrement biométrique des électeurs. Projet que j’avais d’ailleurs baptisé PEACE-TOGO. Je ne suis associé en rien à la société ZETES qui a été proposée par la Communauté internationale et le PNUD au TOGO en 2007, avec les Kits venus de la RDC suite à l’expérience menée dans ce pays en 2005 sous la direction de la Division électorale de la MONUSCO dirigé par un éminent Togolais.
En 2010, je suis revenu à titre individuel en appui à la société I2C qui avait été retenu par la CENI avec un contrat de prestation de services , pour proposer d’autres technologies pour la centralisation des résultats pour l’élection présidentielle de 2010,afin de disposer d’autres canaux , autre que le VSAT pour sécuriser la collecte des résultats. Ce dispositif , basé sur un programme embarqué dans des téléphones , a permis l’envoi de SMS cryptés directement des CELI vers la CENI après réception et validation des Procès-verbaux par les CELI. Nous n’avons reçu jusqu’à ce jour aucune contestation des résultats ainsi collectés en 2010. Pas un seul Procès-verbal n’a été produit qui soit en contradiction avec les résultats collectés par des SMS cryptés.
De 2011-2013, à la demande du Gouvernement du Togo, qui a souhaité bénéficier de mon expertise, j’ai effectué plusieurs missions consistant à aider le Gouvernement et la CENI du TOGO à améliorer l’organisation des élections. Ainsi :
1- Un audit des Kits de la société ZETES afin de corriger les dysfonctionnements constatés lors de la révision de 2009-2010
2- Une étude des recommandations de l’Union Européenne pour la mise en œuvre du Secrétariat Exécutif au sein de la CENI pour une meilleure efficience dans l’organisation des élections ;
3- Une étude sur la faisabilité des élections locales et des modifications induites sur le code électoral ;
4- Une étude des besoins d’infrastructure pour la CENI qui a plaidé en faveur du transfert du siège de la CENI Etc.
Toutes ces missions ont été exécutées avec des Experts Electoraux connus par les Nations-Unies, l’Union Européenne ou de l’Usaid et des rapports produits ont été soumis au Gouvernement du Togo commanditaire. En 2012 à l’approche des élections législatives, le Gouvernement du Togo, a souhaité que je constitue une équipe d’experts électoraux, pour apporter un appui à la nouvelle CENI de 2012, compte tenu de ma connaissance du processus électoral et des missions déjà effectuées.
Le Gouvernement a souhaité assurer une autonomisation du financement du processus électoral pour renforcer son ancrage démocratique, laissant les appuis de ses partenaires de la Communauté internationale au financement des organisations de la Société Civile. C’est une question de souveraineté, qu’un Etat puisse organiser des élections sans attendre chaque fois le concours des partenaires. C’est ainsi que j’ai été recruté avec des contrats signés par les différents Ministres de l’Administration du Territoire du Togo depuis 2011.
Compte tenu des contestations de l’élection de 2010, où un candidat arguait que les Procès-verbaux avaient été changés, lors de leur transport vers les CELI, en tant qu’expert nous avons préconisé à la CENI d’améliorer le dispositif de collecte des résultats pour que la CENI ait en un temps très court la « VERITE DES URNES » avant le transport vers les CELI.
Ce dispositif a été développé par la société I2C, composé uniquement d’Ingénieurs et Techniciens Africains qui ont pu adapter des technologies de téléphonie mobile GSM présentes dans notre environnement africain et utilisables très simplement. SUCCES a très bien fonctionné en 2013 et a permis à la CENI de donner des résultats partiels au cours de la nuit électorale de manière fiable et sécurisée. Ce fut une première dans l’histoire du TOGO.
A ce propos, je vous invite à lire en page 46 du rapport des activités de la CENI publié en Septembre 2013, ce que dit la CENI à propos de la transmission électronique des résultats. Cette CENI composée de tous les représentants des courants politiques surtout de noter la présence du sieur ATANTSI Abalo Edem, de l’ANC dans le Comité de rédaction de ce rapport qui salue l’innovation SUCCES, appréciée par tous dont les membres du corps diplomatique présents à cette nuit électorale à la CENI.
Quelle est l’origine de cette polémique ?
AGANAHI Clément : En tant que Béninois et fier de l’être, j’ai rencontré le sieur ATANTSI ABALO EDEM, représentant l’ANC au sein de la CENI, dans son bureau qui était mitoyen. Il s’est présenté à moi comme un frère béninois qui a fait toutes ses études au Bénin, qui a été même fonctionnaire de l’Etat du Bénin, qui a milité au sein du Parti Communiste Béninois (PCB), avant de connaitre la prison sous le régime révolutionnaire du Président Kérékou 1. A sa Libération il devient Togolais et prend le parti de l’UFC dans sa quête de militantisme politique.
Le sieur ATANTSI, parle plusieurs langues de notre pays le Bénin et je l’ai considéré comme un frère béninois. Aussi je lui ai fourni tous les documents électoraux, pouvant lui permettre d’acquérir une bonne connaissance des processus électoraux afin de mieux servir son parti au sein de la CENI. Quel ne fut pas ma surprise lors d’une conférence de presse du nouveau regroupement CAP2015 d’entendre ATANTSI, cité mon nom comme un expert qui organise la fraude au sein de la CENI, et que les résultats fournis par le dispositif SUCCES a contraint la CENI et les CELI a changé leurs données pour se conformer aux résultats partiels du dispositif SUCCES !
Je suis abasourdi par un tel mensonge grossier, car aucun membre de la CENI ou des CELI n’a contesté avec le moindre procès-verbal les données partielles reçues et croisées et validée par les procès-verbaux faxés. Pour moi c’est la jalousie d’un frère béninois vu mes performances professionnelles qui est le moteur de ce mensonge grossier.
Ceci devient le leitmotiv d’une certaine presse qui s’en donne à cœur joie dans des fantasmes dignes des polars. Notamment ma mission d’appui à la CENI du TCHAD, où je travaille depuis 2000, avec des hauts et des bas selon les humeurs de certains politiciens locaux. J’ai été sélectionné par le PNUD pour y faire une étude de faisabilité de la biométrisation de leur fichier électoral en 2009 à quelques mois des échéances électorales. En tant qu’expert j’ai recommandé le report de cette mise en œuvre car les délais et les coûts allaient être disproportionnés par rapport aux normes internationales pour ne pas se retrouver comme le cas de la Cote d’Ivoire en 2009 avec des coûts extravagants ! En 2015, j’ai été de nouveau sélectionné par le PNUD pour établir le dossier d’appel d’offres pour l’acquisition des kits biométriques pour la collecte des données des électeurs. C’est une mission de 3 à 4 semaines au démarrage et qui devait se poursuivre pendant 6 mois à raison de 10 jours par mois. Pour des raisons de disponibilité, de climat de travail, du changement subvenu au Togo dans la modification des membres de la CENI et surtout de la fixation de la date du 15 avril, j’ai interrompu ma mission à mon initiative. Je n’ai jamais été renvoyé par le PNUD, au contraire !
Revenons à SUCCES au Togo.
AGANAHI Clément : En effet, le dispositif SUCCES a été un véritable succès réalisé par plus de 1000 jeunes Togolais qui ont travaillé d’arrache-pied, dans des conditions parfois très difficiles, à écrire une page de l’histoire de leur pays. SUCCES a par ailleurs contrairement à ce que dit ATANTSI Abalo Edem, a profité a son parti lors des dernières législatives. En effet dans la circonscription de l’OGOU-ANIE, les 4 sièges avaient été attribué au parti UNIR par la CELI. Mais la CENI, lors du recensement général des votes, en confrontant les données de SUCCES et les Procès-verbaux a pu rectifier des erreurs de calcul et attribuer finalement un siège au CST/ANC et 3 sièges à UNIR comme l’avait calculé SUCCES sur la base des résultats partiels validés par les Procès-verbaux faxés et saisis à la CENI.
Voici la démonstration de l’utilité de SUCCES qui vise principalement à SECURISER les résultats devant les électeurs dans le bureau de vote, en collectant avec un téléphone simple utilisé par deux membres du Bureau de Vote de tendance politique opposée, les résultats avant le transport de l’urne vers la CELI. En 2015, chaque électeur qui le souhaiterait, pourra en envoyant son numéro de carte d’électeur par SMS au numéro 1010, recevoir les résultats de son bureau de vote. Ainsi plus aucun candidat ne pourra manipuler les résultats et les esprits des citoyens qui décident pour leur pays.
Je suis très fier, de ce travail et je souhaite que le millier de jeunes togolais qui se sont investis avec la CENI pour réaliser ce projet, soient aussi très fiers de leur travail et de ce succès pour leur pays, le Togo.
Enfin que tous mes détracteurs qui professent des menaces et de la violence, je leur demande simplement de publier dans la presse et sur les réseaux sociaux les procès-verbaux qui démontrent que les résultats collectés par SUCCES ont été trafiqués depuis 2010.
Les procès-verbaux sont à la base de la proclamation des résultats provisoires par la CENI et définitifs par la Cour constitutionnelle. Ces procès-verbaux sont donnés à tous les candidats dont les représentants sont dans les bureaux de vote et sont pris en charge par la CENI et l’ETAT. Par ailleurs tous les procès-verbaux sont disponibles à la CENI pour tous les citoyens qui désirent les consulter pendant 3 mois après chaque scrutin selon le code électoral en vigueur.
Seule la CENI sur la base des procès-verbaux de centralisation établis par les CELI, effectue le recensement général des votes et la proclamation des résultats provisoires. En tant que organisateur , la CENI a besoin de moyens de vérification du travail qu’il reçoit de ses démembrements pour s’assurer en cas de contestation que le travail n’a pas été biaisé à un niveau donné, d’où la solution SUCCES.
Comme dans toutes les démocraties modernes pouvoir donner des résultats partiels sécurisés permet d’informer les citoyens de l’avancement des travaux de centralisation au niveau des résultats et évite les rumeurs qui préparent les esprits à la violence.
Pour finir SUCCES avec l’introduction cette année du stylo numérique, utilisé notamment en France par le parti socialiste lors des élections primaires en son sein pour désigner son candidat avant la dernière élection présidentielle en France, vise à suivre en temps réel le travail de centralisation des procès-verbaux au niveau des CELI, en retransmettant les copies de chaque ligne des fiches de centralisation des résultats signée par le président et le rapporteur de chaque bureau de vote et le président de la CENI.
En quoi ceci permet-il d’organiser une fraude électorale sur les résultats ???
SUCCES a été utilisé au Togo en 2010, avec la supervision de l’Union Européenne et de la CEDEAO dans les locaux de la CENI, et dans d’autres pays notamment en Guinée Conakry par la CENI avec l’aide de l’OIF qui a financé sa mise en œuvre en 2010.
Aucun informaticien sérieux ne prendra le risque de modifier des résultats de vote sachant que des copies des Procès-verbaux sont affichées et distribuées à tous les candidats qui doivent effectuer leur propre compilation pour vérifier leurs scores. En conclusion, lorsqu’un étranger est accepté dans un pays il ne doit pas y mettre le feu, ni la division entre les citoyens de ce pays d’accueil. Au contraire il doit chercher à bâtir avec eux un Pays de Paix. Arrêter donc d’intoxiquer le peuple togolais qui doit être fier de son processus électoral depuis 2007.
Propos recueillis par Koffi S. SASSE
Journaliste politique d’investigation.
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