Les rumeurs sont devenues des clameurs. Ce que bon nombre d’observateurs redoutaient vient finalement de se produire : les députés de l’opposition, notamment ceux ayant pris part aux élections sous les couleurs du CST, viennent d’officialiser la création du groupe parlementaire ANC-ADDI dirigée par Isabelle AMEGANVI, une candidate battue dans son fief. En dépit des mises en garde renouvelées depuis quelques semaines contre les risques d’une initiative forcée, les responsables de l’ANC sont donc allés au bout de leur logique en se constituant en groupe parlementaire sous l’étiquette de l’ANC et de l’ADDI, les seuls partis ayant obtenu des voix à l’assemblée. Démarche suicidaire pour l’opposition toute entière parce que pouvant entrainer à la longue des contrariétés susceptibles d’effriter les murs de l’unité. Comme tout le monde peut le constater, le CST n’a pas seulement permis d’exister en rapportant des voix à l’Assemblée Nationale, mais par le CST, l’opposition a pris conscience des bienfaits de la nécessaire union qui doit prévaloir entre toutes les entités qui se battent pour sortir le pays du joug du régime des GNASSINGE. En créant un groupe parlementaire autre que le CST, les responsables de l’ANC sont donc conscients des risques de destruction de la dynamique unitaire dans laquelle tout le monde s’est engagé depuis lors. Pourquoi vouloir forcément créer un groupe parlementaire ANC alors que c’est sous la bannière du CST que les gens se sont présentés aux élections. Que faisons-nous alors des autres partis membres du CST qui n’ont pas obtenu des voix à l’Assemblée ? Doit-on conclure que ces autres partis n’ont été que de simples figurants, de simples individus dont on s’est servi pour se hisser au rang de leader de l’opposition ? La création du groupe parlementaire ANC-ADDI n’est-elle pas une manière détournée d’exclure les autres composantes du CST ? Cette démarche qui va dans le sens contraire des efforts de cohésion au sein de l’opposition ne confirme-t-elle pas les appétences hégémoniques de l’ANC sur les autres formations de l’opposition ? A la lumière de ce qui se passe, chacun a suffisamment d’éléments pour apprécier la situation. La situation aurait pu être moins grave si elle s’arrêtait là, c'est-à-dire à la seule formation d’un groupe parlementaire ANC-ADDI. Mais le fait de confier la présidence de ce groupe à Isabelle AMENGAVI, battue à plate couture aux élections dans son propre fief de Kpélé-Akata, n’est rien d’autre que la manifestation de la volonté de domination de toute l’opposition par la vieille garde de l’UFC reconvertie en ANC. Isabelle AMENGANVI qui a été proprement battue dans son fief de Kpélé-Akata, siège à l’Assemblée Nationale grâce au jeu des listes. Car en réalité, c’est le résultat du travail de fourmi dirigé par le candidat Louis Ségla dans le Kloto, qui a été ainsi usurpé au profit de cette femme belliqueuse qui, en lieu et place de la campagne électorale, était partie déployer ses cordes vocales à réveiller les démons de la division et de la haine tribale à Kpélé-Bodjé. On se demande si c’est avec fierté qu’elle occupe son siège au parlement puisque d’autres à sa place, auraient préféré céder leurs sièges à ceux qui le méritent véritablement puisque tout est question de confiance, de légitimité, de mérite et de représentation. En lieu et place d’Isabelle AMENGANVI, le candidat Louis Ségla aurait eu plus de mérite et de légitimité puisqu’au-delà de l’audience du parti, l’aura des candidats présentés a été déterminante dans le choix opéré par les électeurs. Certains partis n’ont-ils pas été sanctionnés dans certaines circonscriptions pour avoir osé présenter des candidats que les populations ne portent pas dans leur cœur ? C’est donc dire que c’est par accident que Isabelle AMEGANVI occupe son siège au parlement puisque si elle n’était pas tête de liste dans le Kloto, elle ne siègerait pas à l’assemblée. Tout comme Isabelle AMEGANVI, AGBEYOME Kodjo, n’est pas parvenu à se faire élire dans son fief mais le cas AGBEYOME peut s’expliquer parce qu’il a eu le malheur de perdre dans le Yoto où ses camarades n’ont pas daigné lui apporter leur soutien à un moment crucial des campagnes électorales. Isabelle AMEGANVI au contraire, a eu droit à un appui de taille de tout le FRAC mais cela n’a pas empêché sa base de lui réserver un vote sanction en raison de l’absence d’actions de reconnaissance depuis qu’elle a été élue au scrutin du 14 Octobre 2007. Elle aurait d’ailleurs vu le danger venir puisqu’elle avait tout mis en œuvre pour se faire positionner à Lomé mais cette prétention a été battue en brèche par une poignée de responsables qui ont manœuvré pour la contraindre à retourner nettoyer les écuries dans son Kpélé natal. La direction du groupe parlementaire ANC-ADDI par cette femme est donc une insulte aux autres formations membres du CST et témoigne que l’ANC, voire le CST, ne peut jamais prétendre incarner la vision alternative citoyenne qui pourrait servir de tremplin à l’avènement d’une alternance fondée sur la promotion de l’Etat de droit et la démocratie. C’est une forfaiture qui donne des signaux indéniables sur la capacité des responsables de l’ANC à faire pire que les tenants actuels du régime. Dans un regroupement politique où on délaisse des candidats qui ont reçu l’onction populaire au profit de ceux qui sont en mal de légitimité, qu’y a-t-il de mieux à faire que de promouvoir les médiocres même si cela hypothèque l’avenir collectif? Gérard Adja malgré la caution populaire qui lui a été donnée pour siéger au parlement, se retrouve aujourd’hui comme martyr du fait de la gloutonnerie des apôtres de la médiocrité. Jusqu’où nous laisserons-nous conduire par ce cynisme ravageur qui ne continue que de tapisser la voie à nos adversaires d’en face ?
Commenter cet article