La presse togolaise est aujourd’hui minée par des maux jamais connus auparavant. La situation politique de notre pays a impacté négativement la presse privée au point que la confraternité qui doit être le maitre-mot au sein de la corporation tend à disparaître. Il aura suffi que vous exprimez votre pensée à travers vos écris qu’on vous marginalisme et vous désormais vu comme un gibier à abattre nécessairement. Le comble a été atteint la semaine dernière avec l’agression d’un confrère par un autre confrère. Une situation qui nous amène à nous demander si le journaliste agresseur était en possession de tous ses sens. Autrement dit, tout laisse à croire que la HAAC délivrerait des récépissés à des fous puisqu’un journaliste normal qui connait bien la déontologie du métier et a un profond respect pour l’opinion des autres et la liberté d’expression ne peut pas se permettre d’aller aussi loin en portant la main sur son confrère au lieu de reportage. D’ailleurs la loi punit la vengeance privée et aucun argument ne saura justifier cet acte quelque soit les circonstances.
Le métier de l’information au Togo tend aujourd’hui à perdre sa valeur. Et pour cause, il y a actuellement une bipolarisation au sein de la corporation des journalistes due à la situation de crise politique permanente de notre pays. Surtout avec la naissance du Collectif Sauvons le Togo ainsi que les derniers développements de l’actualité du pays, cette bipolarisation va grandissante avec ses conséquences préjudiciables à la loi de la confraternité.
Dans la corporation, il existe deux catégories de journalistes : la première catégorie est composée de « super journalistes » qui s’arrogent tous les droits et tous les titres. Ils sont extrêmement libres d’écrire et de dire (et plus haut d’ailleurs) tout ce qu’ils pensent sur la situation sociopolitique de notre pays. Dans cette catégorie, tous les travers sont permis et toute autorité qui oserait intervenir pour les recadrer est automatiquement défiée car leur vérité est la vérité Universelle (sic). Pour cela, ils font tout pour que leur propos soit pris comme des paroles d’évangile. C’est ainsi que certains parmi ces super journalistes se permettent même de menacer leurs confrères pour les obliger à regarder dans la même direction qu’eux. Une véritable entrave à la liberté d’expression et d’opinion.
La seconde catégorie de journaliste est celle surnommée des « bitosards » ou des journalistes « ventrocrates » par la première catégorie puisque ces confrères font croire à qui veut les entendre qu’ils sont le nombril du journalisme au Togo et dans le monde entier. La situation sociopolitique aidant, les journalistes de la seconde catégorie compte tenu de leur ligne éditoriale sont permanemment vus comme des moutons de Panurge, mieux, des gibiers à abattre à tout prix. Cette seconde catégorie n’a pas la voix et plusieurs parmi celle cci sont considérés comme des taupes, des espions au service au service du pouvoir par les supers journalistes. Même à l’heure actuelle, il nous revient que certains journalistes ciblés et supposés être proches du pouvoir ou ne soutenant pas le CST seraient permanemment visés par un plan d’agression physiques lorsqu’ils oseraient mettre pied à certains en droits ou quartiers. L’autre confrère chroniqueur (suivez nos regards) ne nous démentira pas. Il lui aurait été révélé de ne plus jamais mettre pied dans un quartier de Lomé supposé être le fief de l’opposition au risque de se faire lyncher et d’être livré à la vindicte populaire. Pas plus que longtemps, votre directeur de publication de l’hebdomadaire « Le Perroquet » a été sévèrement menacé au téléphone par un autre directeur de publication dont nous osons taire le nom.
Celui-ci lui reprocherait de critiquer à tout bout de champ l’opposition en général et surtout le CST. Pour ce super journaliste, Directeur de Publication de son état, son confrère qui ne ménage pas le CST est un bitosard, un vendu, un corrompu et doit cesser de critiquer le CST, mieux le soutenir plutôt même si dérive il y a. Au même moment, il a tout de go oublié que dans un passé récent, le confrère qu’il traite aujourd’hui de vendu a longuement soutenu l’opposition et le CST même plus que celui qui se croit aujourd’hui être le nombril du journalisme au Togo. Pour mémoire, votre journal, Le perroquet avait même demandé en 2010 que départ de Faure Gnassingbé du pouvoir. Pourtant le directeur de publication n’a jamais été inquiété par qui que ce soit. Au lendemain de la toute première manifestation du Collectif sauvons le Togo, où s’est éclatée la guerre des chiffres, c’est le "perroquet " qui a estimé le nombre des manifestants à plus de 500 milles ! Un chiffre record qu’aucun organe de presse n’a publié à l’époque. Et si aujourd’hui, le même journal critique les actions du CST, en quoi voudrait on le condamner jusqu’au point de menacer son directeur ? Ne sommes-nous pas dans un Etat de droit et de liberté ? Où se trouve finalement la liberté d’expression à laquelle tient tant toute la corporation de journaliste ? La question reste posée. Passons. Aujourd’hui, le tiraillement entre les politiques a gravement affecté les journalistes dont la mission première est l’information, l’éducation et la sensibilisation. Beaucoup sont ces journalistes qui veulent ses substituer aux politiques alors qu’ils sont tenus au devoir d’observer et de restituer. Pis encore, cette bipolarisation de la corporation va grandissante et dépasses les menaces verbales pour donner suite aux attaques et agressions physiques de toute nature. Le summum a été atteint la semaine dernière avec l’agression d’un confrère par un autre au cours de la messe demandées par la Synergie des travailleurs du Togo (STT) en mémoire du jeune élève tué à Dapaong. Le reporter d’images a essuyé plusieurs gifles de la part d’un confrère directeur de publication de son état, avant d’être livré à la vindicte populaire. N’eut été l’intervention d’un doyen, ce reporter aurait laissé sa peau sous la colère de certains militants en état d’ébriété. Comme si cela ne lui suffisait pas et pour montrer qu’il détient à lui seul le monopole de la violence, le même journaliste a eu le culot d’agresser au cours de la même soirée, le même journaliste a eu le culot d’agresser au cours de la même soirée un autres confrère de la radio Kanal FM. AU lendemain de ce pugilat, des assocaitiosn de presse à l’instar du CONAPP et de l’UJIT ont élevé leur voix pour condamner vivement cette agression et appeler à la confraternité. Au même moment, certaines organisations de défense de la liberté de presse hautement connues dans notre pays et dans notre corporation pour leurs habituels communiqués lors de tels évènement sont demeurées muettes comme une carpe et rechignent à condamner cet acte généralement condamné dans la corporation. Qu’est ce qui explique ce silence coupable de ces associations de presse qui pourtant, se disent défendre la liberté d’expression au sein de notre corporation ?
Si aujourd’hui un journaliste se permet de porter la main sur son confrère et le livrer à la vindicte populaire à cause de sa ligne éditoriale, où est alors la confraternité tant clamée dans notre corporation ? ne dit-on pas souvent que chacun voit le midi à sa porte ? C’est pour renchérir cette assertion que le philosophe mathématicien Blaise pascal a affirmé que « vérité en deçà des Pyrénées, erreur de là » comme pour dire que ce n’est pas nécessairement ce que l’on conçoit chez soi comme vérité qui est la même chose chez l’ autre. Les hommes étant différents les uns des autres, les pensées aussi diffèrent et ce que vous affirmez comme vérité peut être mensonge chez les autres. Nul ne détient le monopole de la vérité et nul l’a le monopole de la violence. C’est la raison pour laquelle seules la confraternité et la retenue doivent guider touts les journalistes quelques soit le bord. Loin de nous toute intention de donner des des leçons de moral, nous devons savoir que le climat sociopolitique est très tendu et notre travail devrait plutôt amener toute la classe politique à faire des concessions pour l’apaisement de la tension sans toutefois dévier de nos lignes éditoriales.
La HAAC délivrerait elle des récépissés à des fous ?
Le métier de plume tend aujourd’hui à perdre ses lettres de noblesse. Comme dans toute profession, n’est pas journaliste qui veut. Mais tout porte à croire que le landerneau médiatique est grugé de toute sorte d’espèce d’arrivistes d’ambitieux et même des individus à profils très bas. Le métier de la communication exige quand même un certain niveau pour faire passer convenablement le message et travailler dans le respect scrupuleux des règles éthiques et de déontologie comme l’exige le code de la presse. Par quelle alchimie un charpentier, un menuiser, « affairiste », un « fou mal guéri » ou un parvenu par exemple peut il convenablement exercer ce métier noble après avoir reçu un récépissé de la haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication ? Loin de nous toute idée de discrimination, quand certains comportements prêtent à la malhonnêteté et à la barbarie d’n autre âge, on ne peut que l’analyser sous cet angle. Le fait pour ce journaliste de prendre à partie son confrère, de saisir son matériel de travail et de le livrer à la vindicte populaire nous amène à nous demander si l’agresseur est il en possession de tous ses sens et connait il réellement ce que signifie la confraternité ? Ce sont des comportements qui discrétisent aujourd’hui la presse, le 4ème pouvoir aux yeux de l’opinion nationale et internationale. Le journaliste est de nos jours vu dans notre société comme un brut, un mendiant, un parvenu, un nullard… Même au temps sombre d’Eyadema, on n’a jamais assisté à de pareils évènements au sein de la corporation des journalistes. C’est vraiment triste car cela constitue un grand recul des mentalités et un comportement qi n’est pas digne de ce 21ème siècle où la démocratie et le respect de l’opinion des autres sont portés en flambeau. Au demeurant les organisations de défense de la liberté de presse doivent s’assigner cette lourde tâche pour ramener la confraternité au sein de la corporation afin que le journalisme retrouve sa lettre de noblesse.
Faustin KPOTOWOGBO
Le Perroquet du 25 Avril 2013 (N°225)
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