Elle était annoncée en grande pompe, et elle s’est effectuée. Elle, c’est la tournée Européenne d’une délégation du Collectif Sauvons le
Togo et de la Coalition Arc-en-ciel qui a fait le tour du monde et dont certains ont prédit la fin du règne de Faure une fois cette tournée bouclée. Toute la propagande faite autour de ce déplacement, laissait croire que l’on tendait vers la prise du pouvoir de l’opposition sans même passer par la voie des urnes qui est celle indiquée pour toute personne ou groupe de personne imbu de valeurs démocratiques. Tout avait été mis en place pour que la dépouille de l’actuel pouvoir fasse son retour avec les membres des deux délégations. Mais, hélas, depuis leur retour, les togolais, du moins les militants des deux regroupements politiques sont restés sur leur soif. Que ce soit au CST ou à la Coalition arc-en-ciel, les militants n’ont pas du tout vu grande chose dans ce qui leur a été présenté comme rapport de tournée. Et pourtant, il y avait beaucoup à dire. Que ce soit à Paris ou à Bruxelles, les deux délégations, ont rencontré des gens. Mais seulement, ces derniers ne sont pas celles qui ont « de la poigne » comme on le dit souvent pour désigner les personnalités de haut rang, et qu’il fallait se servir pour justifier de l’importance de l’écoute que les délégations ont eue au court des entretiens. Au Quai d’Orsay, l’équivalent du ministère des Affaires Etrangères ici au Togo, la personne rencontrée par Zeus Ajavon et ses compagnons n’est autre qu’un certain Laurent Vilier, un fonctionnaire subalterne. A Bruxelles c’est le responsable Afrique de l’Ouest, Ustub Békéris qui a reçu les deux délégations. Partout où elles sont passées, la délégation du CST et de la coalition aurait plutôt reçu des conseils de la part de leurs interlocuteurs qui, selon des indiscrétions, leur ont demandé d’aller s’inscrire dans le processus électoral enclenché au Togo et qui suit son cours normal. La question
des réformes soulevée comme argument pour tirer la faveur des partenaires de leur côté, a été plutôt vue autrement. Bruxelles et Paris ne verraient pas l’opportunité pour le Togo de procéder en ce moment aux réformes exigées par le CST et la Coalition avant la tenue des élections législatives. Certes, ils ne l’ont pas dit ouvertement, mais leur attitude en disait long. Comment ces réformes pourront se faire sans une assemblée constituante désignée à l’issue d’un scrutin en bonne et due forme ?
Cette question, les partenaires se la pose et ils n’auraient pas manqué de le faire savoir aux deux délégations. Et, ce qui est encore plus édifiant, c’est qu’à aucun moment et à quelque niveau de leur rencontre, il n’a été mentionné et soutenu que ce sont les manifestations et les contestations stériles de rue qui étaient les voies indiquées pour parvenir au pouvoir.
Somme toute, la tournée du CST et de la coalition a été une véritable déception, même si l’on tente de ne pas le croire. Raison pour laquelle, le retour des délégations est passé comme de l’air dans la nature, sans bruit ni trompette. Sinon, tel qu’on connaît l’opposition togolaise et particulièrement le CST et la coalition arc-en-ciel, Lomé allait se transformer en un champ de slogans de victoire si elle avait eu quelque chose de satisfaisant au cours de cette tournée. Les partenaires ont certainement remarqué que les personnes qu’ils avaient en face étaient celles qui n’avaient pas d’ambitions pour leur pays si ce n’est le détruire. Le moment des années 90- 2000, où on avait une opposition conservatrice qui réussissait à emballer les partenaires à travers des arguments biaisés, est bien passé. Bruxelles et Paris entretiennent des relations institutionnelles avec l’Etat
togolais. Et en tant que tel, ne peuvent pas se laisser baratiner pardes gens qui n’ont aucun soubassement dans leur pays et qui se cachent dernière le rideau de la démocratie pour assouvir leurs besoins personnels. Et selon les informations, aucune réforme de
grande envergure, surtout celles voulues par le CST et la coalition, ne sera faite avant la tenue des élections législatives dont la date ne va plus tardée à être annoncée aux togolais. Mais dans la foulée, il n’est pas exclu que des idées et propositions qui favoriseraient plus
la crédibilité et la transparence des élections à venir, soient prises en compte et débattues par le gouvernement et les autres parties prenantes. Aujourd’hui, la communauté internationale est unanime pour reconnaître que le cadre électoral du Togo en son état actuel est bien assaini et de ce fait reste favorable pour la tenue des élections. La seule chose que l’on demande à l’opposition qui continue de s’agiter c’est de prouver son assise et sa popularité en acceptant d’aller aux urnes. C’est la seule manière pour que l’opinion nationale et internationale puisse se rendre à l’évidence de la force de l’ANC, du
CAR, de la CDPA, du MRC, du PDP etc… Ainsi toutes ces formations politiques trouveront le respect qu’elles attendent du peuple et de la communauté internationale.
TB
Le Messager N° 352 du 08 mai 2013