L’information est gérée avec beaucoup de discrétion tant l’ambiance était électrique en ce jour de samedi 07 Septembre lors de l’Assemblée Générale élective du nouveau bureau du Collectif des Associations en lutte Contre l’Impunité au Togo (CACIT).
Dans l’arène, deux enseignants s’affrontaient pour occuper ce poste : Zeus Ajavon que l’on ne présente plus, et Spéro Kodjo Mahoulé dont le nom, a priori, ne dit pas grand-chose aux togolais qui ont l’habitude du sensationnel.
A l’entame des opérations de vote que d’aucuns pensaient être juste une formalité pour remettre Zeus Ajavon en scelle, un coup de théâtre vient planter l’assistance : le décompte final révèle un équilibre des voix entre Zeus Ajavon et son concurrent Spéro Mahoulé; un ballottage donc.
Comme l’exigent les règles démocratiques, les choses se mettent en place pour un deuxième tour. Mais d’un coin de la salle, quelqu’un grommelle, et du grommellement, le ton monte et finalement, la personne qui grommelait explose en public : « C’est un complot ! ». Tous les regards se rivent vers le côté d’où venait cette exclamation. Dans le champ visuel de tous, un homme qui ramassait ses affaires comme pour quitter la salle. Il s’agissait bien de Zeus Ajavon. A la surprise générale, il souffle quelques mots à peine audibles à l’oreille d’un des assistants avant de quitter comme un bossu.
Entre désistement et retrait de sa candidature, les officiants ne se sont pas donnés trop de peine avant de plébisciter Spéro Mahoulé à la grande satisfaction d’une grande partie de l’assistance.
A la fin de la séance, les commentaires ont fusé comme en ateliers.
D’aucuns ont interprété la réaction de Zeus Ajavon comme étant la manifestation d’un esprit qui l’aurait envahi comme c’est souvent monnaie courante dans certaines régions de notre pays en cette période de Epé-Ekpé.
Certains quant à eux, pensent que cette réaction n’est qu’une des nombreuses boutades auxquelles Zeus Ajavon est coutumier.
D’autres trouvent que cette réaction n’est que le signe clinique d’un mauvais perdant en désarroi, étant entendu que Zeus n’a réussi à présenter aucun bilan positif durant les nombreuses années qu’il a été au CACIT.
Cette dernière raison aurait été décisive dans la décision prise par certains amis de Zeus qui juraient depuis de lui retirer leur confiance à la toute première occasion qui se présentera.
En effet, il était reproché à Zeus Ajavon d’avoir poussé le CACIT dans des aventures périlleuses au point de mettre le collectif en difficulté auprès de ses partenaires. Ces derniers à un moment donné, avaient de la peine à comprendre les positions floues voire contradictoires des responsables du CACIT dans certains dossiers épineux.
Tout a commencé avec les nombreuses plaintes que Zeus Ajavon a, au nom du CACIT, portées contre Kpatcha Gnassingbé sur les violences postélectorales de 2005.
En 2009, le même Zeus Ajavon qui a engagé des poursuites judiciaires contre Kpatcha Gnassingbé pour des crimes commis en 2005, se constitue pour défendre le même Kpatcha Gnassingbé dans une affaire d’atteinte à la sûreté de l’Etat.
Les partenaires du CACIT ne comprenant pas cette contradiction flagrante faite de mélanges de genres et de pédales, ont sonné les responsables nationaux du CACIT de clarifier leur position au risque qu’ils mettent fin à leur collaboration. C’est sans compter que Zeus Ajavon avait déjà mangé dans les mains de Kpatcha jusqu’à un niveau où il lui était impossible de faire marche arrière.
Face au danger que ce comportement faisait courir à l’association, les autres responsables du CACIT se sont sentis dans l’obligation d’adopter une position ferme pour rassurer leurs partenaires, quitte à mettre Zeus dans une position inconfortable.
C’était d’ailleurs dans cette même ambiance de division que Zeus Ajavon avait amené le CACIT à adhérer malgré lui au CST.
A l’époque, une bonne partie des responsables du CACIT redoutant que leur aventure avec le CST dénature leur statut en tant qu’organisation de la société civile, avait émis des réserves par rapport à cette démarche. Mais Zeus Ajavon a vite fait de recourir au chantage en faisant profiler le risque pour les défenseurs de cette position, de se faire lapider par les militants de l’ANC réputés dans le lynchage de tous ceux qui rament dans le courant contraire aux intérêts de leur parti politique. Pour illustration, Zeus leur aurait servi l’exemple de l’épreuve de lapidation dont Gilchrist Olympio avait été victime à la plage.
Bon gré, mal gré, le CACIT a été faite composante du CST sans que les collaborateurs de Zeus au CACIT ne sachent que le poste de coordinateur général du CST lui avait été promis au cas où il réussissait à porter ce mouvement sur les fonds baptismaux.
Bien plus que ses maladresses et ses négligences au poste de coordinateur du CST, l’on sait toutes les boutades et les goinfreries que Zeus Ajavon s’est permises au nom du CACIT.
Le dernier épisode qui s’est soldé par son humiliation lors de l’élection du 07 Septembre 2013 a commencé par se jouer au lendemain des élections législatives avec la polémique qui a été créée autour de la question de savoir celui à qui revient le titre de chef de l’opposition togolaise.
Il nous en souvient qu’au lendemain de cette élection, les responsables de l’ANC clamaient sur tous les toits que les résultats des élections législatives démontrent clairement que Jean-Pierre Fabre est le chef de fil de l’opposition et que les autres formations politiques qui se réclament de l’opposition ont intérêt à venir s’aligner derrière lui. A l’époque, les formations politiques qui se sont regroupées au sein de la Coalition Arc-en-ciel ont cru à tort qu’ils étaient les principales personnes à qui s’adressaient ces propos. Erreur d’appréciation!
Car Zeus Ajavon est la principale personne que ces propos visaient. C’était pour les responsables de l’ANC, une manière détournée de faire comprendre à Zeus Ajavon qu’il devrait à présent descendre du haut de son piédestal et s’avaliser pour laisser prospérer l’hégémonie de Jean-Pierre Fabre et donc de son parti, dès lors que les résultats des élections législatives de Juillet 2013 le consacrent chef de file de l’opposition.
Pour accélérer les choses, l’idée de la création d’un groupe parlementaire a été injectée au sein de l’opinion par les responsables de l’ANC avec pour objectif d’en mesurer les effets. Voyant le danger venir, Zeus Ajavon, avec l’appui de certains candidats malheureux des autres partis membres du CST, ont mis la presse à contribution pour faire entendre raison à Jean-Pierre Fabre et son parti.
Or, les responsables de l’ANC étaient décidés d’aller jusqu’au bout d’une tactique qu’ils avaient mise sur pied et qu’ils entendaient déployer au cas où les résultats des élections législatives feraient d’eux, les principaux interlocuteurs du pouvoir en place. Cette tactique baptisée « la tactique matricide des ovovivipares », consiste à organiser le deuil du CST dès que l’ANC aurait réussi à prendre son ascension sur les autres formations de l’opposition.
A ce titre, le principal personnage qui fait obstacle à la réalisation de ce plan est bien Zeus Ajavon avec son titre de coordinateur alors qu’il n’a aucune base politique.
Disposant de plusieurs cordes à leur arc, les responsables de l’ANC ont saisi l’occasion du remplacement de la direction du CACIT pour mettre leurs réseaux en branle aux fins de mettre Zeus Ajavon hors d’état de nuire et de le déconnecter de sa structure de base.
Très vite, la connexion a été faite avec certains proches collaborateurs de Zeus qui ont accepté de tirer les ficelles dans le mauvais sens pour que Zeus puisse être éjecté.
Le CACIT est la principale Organisation de la Société civile au sein du CST tout comme l’ANC est la principale formation politique au sein de ce collectif.
A présent que la déconnexion du CACIT a commencé avec l’éjection de Zeus Ajavon, l’ANC, désormais seul maître à bord, peut espérer donner libre cours à sa volonté de créer un groupe parlementaire qui lui laisserait les coudées franches pour agir en son propre nom et non au nom du CST.
La « tactique matricide des ovovivipares » risque donc de réduire indéniablement le CST à une coquille vide, et ce sera sans surprise que ce collectif ira rejoindre le FRAC déjà classé dans les tiroirs de l’histoire.