Depuis quelques jours, une affaire mettant en liaison les responsables de la STT avec Harry Olympio défraie la chronique aussi bien sur le net que sur les antennes des radios privées à Lomé.
Face à la confusion qui règne autour de cette information, il devenait plus qu’urgent d’aller vers les uns et les autres pour avoir une idée nette de ce qu’il en est et situer l’opinion.
Les témoignages obtenus auprès de certains membres du conseil et de la coordination de la Synergie des Travailleurs du Togo (STT) attestent d’une réalité qui échappait jusqu’ici à l’opinion publique : la STT est sérieusement prise en tenaille entre deux principaux courants qui se livrent une guerre silencieuse sans merci.
En effet, à l’analyse des syndicats de base qui se sont regroupés pour former la STT en janvier 2013, il se dégage que ce mouvement syndical repose sur une charpente dominée par trois secteurs : l’administration, l’éducation et la santé.
Les actions du mouvement auraient été lancées sous les auspices des praticiens hospitaliers réunis au sein du SYNPHOT, un mouvement corporatif qui avait effectivement fait parler de lui dans les revendications pour l’amélioration des conditions de vie et de travail des personnels soignants.
Au fil du temps, le SYNPHOT, précédemment dirigé par le professeur David Dosseh, aurait pris l’habitude d’imposer son idéologie et ses manières de faire à la STT, à la grande désapprobation des membres de ce nouveau mouvement syndical qui relèvent du secteur éducatif. Ces derniers regroupés au sein de l’USET, s’estiment plus nombreux et plus actifs sur le terrain pour se laisser dicter par une poignée de médecins jugés très orgueilleux.
Cette guéguerre aurait donné lieu à de nombreuses crises qui ont été surmontées sans trop de bruit grâce à la neutralité et au tact de la coordinatrice Nadou Lawson qui, en plus d’être une femme à la tête du mouvement, relève, elle, de l’administration.
Il se dit même que les mots d’ordre de grève qui ont été lancés par ce mouvement syndical, étaient beaucoup plus suivis par le corps enseignant ou par le corps soignant selon que ceux qui ont présidé à leur lancement sont de l’enseignement ou de la santé.
Lors des assises qui ont été convoquées pour ramener la sérénité au sein de la coordination, des soupçons de tous genres ont commencé par fuser de part et d’autre.
Les docteurs Walla et Tsolenyanu, poulains du professeur Dosseh et représentants du SYNPHOT au sein de la coordination de la STT, accusent leurs homologues de l’enseignement d’avoir été corrompus par les autorités gouvernementales.
Les enseignants s’insurgent contre cette accusation et estiment pour leur part que les discussions syndicales ne doivent pas donner lieu à un affrontement entre employeur et employé au point de fermer la porte des discussions. A leur entendement, leur démarche devrait leur assurer une certaine progression dans la négociation pour leur permettre de revenir à chaque fois vers la base avec des résultats concrets. Ils estiment que les positions tranchées des médecins s’expliquent par la possibilité qu’ils ont de vivre, en l’absence de leur revenu mensuel, sur de nombreuses ressources provenant de prestations dans des cliniques privées.
Telle était la situation lorsque, courant Juillet 2013, le SYNPHOT, dans l’intention de se retirer de la STT pour continuer seul sa lutte, a envoyé Tsolenyanu au Gabon auprès de Harry Olympio pour redéfinir les termes d’une ancienne collaboration qui existait entre eux.
Ce déplacement qui est resté incompris dans l’esprit des enseignants, aurait été à l’origine de toutes les supputations au point de donner naissance à des affrontements entre certains membres du conseil le 20 Août dernier au siège de la STT. Approché pour obtenir plus d’éclaircissements sur son déplacement sur le Gabon qui fait tant de bruit, Tsolenyanu a préféré se réserver pour réagir en temps opportun.
S’il est vrai que les conflits sont inévitables dans tout groupe constitué, les résultats que la STT est déjà parvenue à obtenir pour les fonctionnaires togolais doivent interpeller ses responsables à mettre de côté les calculs partisans pour sauver tout ce qui peut aller dans l’intérêt commun, comme ils ont déjà eu l’occasion de le démontrer. Dans une pareille atmosphère propice aux manipulations, Nadou Lawson est appelée à faire usage de sa longue expérience de syndicaliste pour faire taire les velléités de part et d’autre et sauver la situation.
SEWONOU Armand K. Farma